Les opportunités de trading en 2012

 

daily FX

Janvier 2012

Un début d’année est à la fois l’occasion de faire le point sur les mois écoulés mais aussi de faire la chasse aux nouvelles opportunités sur les marchés.

C’est dans ce but que l’équipe internationale DailyFX au grand complet, toujours à l’affût des évènements sur les marchés, a tenu à partager avec ses lecteurs, les configurations les plus attractives qui feront l’objet d’une surveillance de la part de chacun des analystes.

 

 

Nadia Compaoré, Stratégiste de marchés:

SP500 : Face à l’incertitude de l’Europe, je choisis la clarté Anglo-saxonne

Encore et toujours la crise.... A mon grand dam, ce terme sur toutes les lèvres depuis maintenant près de 4 ans ne pourra être enterré cette année qui apporte de nouveaux challenges aux traders.

La crise financière devenue crise de la dette et accessoirement la crise de la Zone Euro a fait entrer dans les échanges sur les marchés dans une nouvelle ère caractérisée par un interventionnisme des officiels difficilement contrôlable, et une part prépondérante prise par ce que Revel caractérisait du plus vieux média du monde, la rumeur.

Ces deux facteurs de concert, bouleversent et pourraient fausser les tentatives de prévision les plus audacieuses. Au risque de contagion de la crise de l’Europe au reste du monde, s’ajoutent une croissance mondiale toujours en convalescence, un manque de promptitude de la part des officiels européens à donner une direction claire de moyen terme à leurs actions et c’est la raison pour laquelle, je préfère ne serait-ce que pour la première moitié de l’année, diriger mes choix vers les indices américains, et les matières premières, principalement le pétrole.

Pourquoi ? Diverses raisons ici apposées à cette sélection d’actifs.


 

 

 

 

 

Alors que dans les devises, notamment européennes, les inconnues dans l’équation de valorisation sont beaucoup trop nombreuses, le SP500 offre l’avantage d’être lui-même un indicateur de choix du sentiment de marché, offrant ainsi la possibilité d’intervenir avec un timing optimum sur les autres marchés ; de plus, la réactivité et flexibilité des autorités de politique monétaire américaine, éliminent certains des risques d’erreur d’analyse présents en Europe et facilitent de ce fait les analyses. Les critères de jugement ici sont relativement simples, jauger la croissance américaine et la politique de la Fed.

En ce qui concerne le premier volet, tant que le plus grand marché de consommation au monde affichera des agrégats économiques dans le vert(ce qui est le cas pour de nombreux éléments de la croissance) , les indices se maintiendront. Quant au second volet ayant trait à la politique monétaire, il faut noter que la communication de la Fed s’est améliorée et celle-ci a d’ailleurs en étude la possibilité de révéler au marché des prévisions de taux, réduisant la navigation à vue des opérateurs. Si comme je le pense les indices tiennent au cours du premier trimestre, ils pourront être aidés en plus par la spéculation sur un Quantitative Easing supplémentaire de la Fed.

Que les plus sceptiques sur cette façon de procéder, commencent par se rassurer, ce n’est pas une affirmation mais une possibilité sur laquelle nous aurons plus de clarté à l’issue de l’opération Twist.

C’est l’état du secteur immobilier en particulier, qui pourrait justifier une telle option, même si de nombreux observateurs sont frustrés par les effets des deux premiers plans ; qu’à cela ne tienne, les anglo-saxons font preuve d’une réactivité inégalable en termes d’interventions et s’ils jugent nécessaire pour leur économie d’intervenir à nouveau sur les marchés via la politique monétaire, qu’elle qu’en soit la forme, ils le feront !

Ils auront d’ailleurs en peu de temps réussi à imposer cette façon de voir les choses au reste du monde, le QE étant souhaité en Europe pour endiguer la crise et envisagé par la Chine.

En résumé, au cours de ce premier trimestre, je privilégie des actifs robustes, sur lesquels les critères d’analyse sont simples et accessibles. Pour l’or noir, on peut y mettre un petit bémol en raison du facteur géopolitique, mais celui-ci pourrait s’atténuer dans les mois à venir au profit d’un seul autre critère, la croissance.

 

 

Passons à la revue graphique du SP500 où il sera important de retenir des seuils clés d’intervention qui rapprochés à l’étude du sentiment de risque donneront un sens d’intervention de votre part.

 

Graphique Mensuel:

sp500

 

 

En données mensuelles, on retiendra à long terme un range large entre les plus hauts historiques à 1576 et le seuil des 750 points avec des paliers intermédiaires, le tout dans une configuration qui est haussière.

Les vendeurs noteront la présence d’une oblique naissant des plus historiques et reliant les plus hauts de l’année dernière mettant en avant une zone de résistance sur le seuil des 1330. Au-dessus de ces 1330, la bande supérieure de Bollinger (1420) qui pourrait faire barrage si une cassure haussière de l’oblique et du seuil des 1330 venait à se faire.

A la baisse, je retiens comme premier seuil d’alerte de mise à mal de la hausse, les 1200 points, actuellement protégés par les MM20 et 100 et qui devrait voir présentation des acheteurs si tant est que l’environnement se dégrade d’ici là. En dessous, de ces 1200, le risque baissier prendrait encore plus le pas, avec comme seconde alerte les 1135 dont le rapprochement ouvrirait la voie aux 1000 voire aux bas du range de long terme à 750, mais d’ici là, espérons que Bernanke vienne à la rescousse des opérateurs.

Ces 1135 testés au cours de la période de peur du mois d’août correspondent d’ailleurs à 38% de tous les gains enregistrés depuis le point bas trouvé pendant la crise.

 

Graphique Hebdomadaire:

sp500 en hebdo

 

L’ajout de l’analyse hebdomadaire apporte quelques précisions de taille. Si la vision mensuelle laisse entrevoir la possibilité d’un échec sur l’oblique et les 1330 points, on notera qu’en données hebdomadaires, le canal haussier cassé lors du trimestre dernier donne l’option d’un test de la borne basse de ce canal, ce qui nous ferait inscrire un plus haut par rapport à ceux de 2011, dans la zone des 1380/1400, scénario à ne pas éliminer quand on connait la puissance des indices US.

Néanmoins, avant ces 1330, on retrouve sur la région des 1300, une première barrière constituée par le bas du range qui aura tenu sur les plus hauts pendant près d’un trimestre. C’est d’ailleurs dans l’éventualité d’un échec sur cette zone que nous avons entrepris des ventes agressives au cours de la semaine dernière sur cette région.

Quant aux seuils à retenir à la baisse, les 1200 retenus en données mensuelles peuvent être affinés ici avec une possibilité d’excès baissier sur les 1175, sur l’oblique mise en avant sur le graphique ci-dessus.


 

Nicolas Chéron, Stratégiste de marchés

EURCHF : Une précision digne d’un horloger

Depuis le début de la crise financière que nous vivons depuis maintenant trois ans, la paire EURCHF n’a fait que se déprécier. D’un côté nous avons une monnaie faible qu’est l’Euro, entachée par la crise de la dette, les dégradations et les risques d’une implosion de la zone, d’un autre nous avons le Franc Suisse, monnaie refuge par excellence. De ce fait, la paire est passée de plus de 1.6 CHF à la parité.

A quoi bon se battre contre la tendance me direz-vous. Tout simplement parce qu’un facteur est venu changer la donne à la fin de l’été 2011, une nouvelle vague d’interventionnisme de la Banque Nationale Suisse (BNS). En effet, le 6 septembre dernier, la BNS a décidé de fixer un seuil plancher sur cette paire à 1.2 CHF. Pour ceux qui ne seraient pas au fait de ce que fixer un plancher peut avoir comme implication sur une paire, je vous invite à regarder ce qui s’est passé sur l’EURCHF entre mars et décembre 2009 quand la BNS avait décidé de protéger le seuil des 1.5 CHF.

Pendant 9 mois, à chaque fois que les cours ont frôlé les 1.5, la BNS est intervenue pour faire remonter les cours. Par la suite, quand le marché a eu raison de ce niveau de prix, elle était de nouveau intervenue à proximité des 1.4 CHF entrainant une réaction haussière de 600 pips. (Voir graphique ci-dessous).

 

eur/chf

 

 

En d’autres termes, et étant donné les pressions baissières sur la paire EURCHF, je pense que les prix pourraient rapidement se diriger et approcher le seuil des 1.2 CHF. Alors, parce que la BNS a déclaré vouloir défendre ce niveau de prix par tous les moyens avec des ressources illimitées, je pense que la banque centrale devrait de nouveau intervenir sur les marchés pour entraîner une appréciation de la paire.

Deux questions me sont souvent posées au sujet de la paire EURCHF, voici mes réponses :

- Pensez-vous que la BNS arrivera à protéger le seuil des 1.2 et pendant combien de temps ?

Concernant la notion de temps, il est vrai que la BNS n’arrivera pas forcément à défendre éternellement les 1.2 si les pressions baissières sur cette paire se font de plus en plus fortes, comme cela avait été le cas à 1.5 CHF.

Toutefois, la mise en place de ce seuil ne date que de 5 mois et je pense que la BNS a la capacité d’intervenir plusieurs fois sur cette zone de prix.

Autre élément à prendre en compte, notons que la BNS pourrait relever ce seuil à 1.25 ou 1.3 comme certains l’anticipent. Les banques centrales ont même suggéré 1.4 mais il ne faut pas non plus rêver.

- Comment mettre à profit une potentielle intervention de la BNS dans les jours à venir et quels objectifs escompter ?

Premièrement, je pense qu’il faudra déjà être à l’achat au moment où la BNS interviendra et qu’entreprendre une stratégie avec des ordres conditionnels à seuil de déclenchement au-dessus des cours actuels n’est pas la meilleure solution.

D’une part, à cause du slippage éventuel que cela peut occasionner (différence entre prix exécuté et prix demandé), d’autre part, parce que certains ne pourront alors pas entrer sur le marché car leur broker leur dira que le prix demandé n’est pas disponible (pour cause de trop fort décalage des prix).

Je pense donc qu’une position acheteuse pourrait être constituée en deux temps. D’une part par des achats progressifs à 1.207, 1.204 et 1.201 afin d’obtenir un prix de revient de 1.204 sur cette « première ligne ». Et d’autre part, par un renfort agressif à proximité des 1.2 CHF.

En effet, la BNS intervient entre 5 et 15 pips au-dessus des seuils qu’elle défend (ici je pars évidemment d’une répétition de ce qui s’est passé les fois précédentes ainsi que de la fameuse précision horlogère suisse).

 

Pour ce qui des objectifs, notons 2 zones. Au-dessus des 1.213 récemment travaillés et cassés, nous avons les 1.22 conjugués à la EMA42 en données journalières et les 1.225 en extension, testés à plusieurs reprises entre fin novembre et fin décembre.

Au-dessus, on retrouverait les 1.238/1.24 voire les 1.245 en extension soit la zone haute de ces derniers mois. A vous de voir si vous allégez une partie de votre position sur la première zone ou bien si vous décidez d’accompagner l’hypothétique hausse avec des stops suiveurs, ce choix vous incombe (comme les autres d’ailleurs).

 

eur-chf

 

 

Enfin, concernant un point crucial, le/les stop(s), il y a deux écoles. Option 1, partir du principe qu’étant donné la précision avec laquelle la BNS a défendu les précédents seuils, les 1.2 ne devraient pas être franchis, auquel cas, le stop pourrait être placé à 1.198/9 sans soucis. Option 2, se laisser une marge et mettre de fameux stop vers 1.194 soit une perte maximum de 100 pips sur la « première ligne ».

Sachant que nous visons entre 200 et 400 pips sur ce trade, même un stop de 100 pips procure un ratio risque/gain entre 1 :2 et 1 :4 ce qui est plutôt correct sachant que la probabilité de réussite de ce trade est beaucoup élevée qu’un trade « classique », les acheteurs étant ici protégés par un acteur de taille, une banque centrale.

 

Ilya Spivak, Stratégiste de devises

Vente de l'EURUSD : La tendance à la baisse de l'Euro sur plusieurs années continue

D’une manière générale et objectivement parlant, l'euro s’est inscrit dans une tendance à la baisse depuis juillet 2008 après avoir atteint un sommet au dessus de 1.60 contre le Dollar US. Et cela va certainement perdurer.

La crise de la dette de la zone euro demeure non résolue, ce qui représente un problème à deux faces. D'un coté, cela amplifie les turbulences déjà considérables auxquelles la croissance économique est confrontée.

Des coûts d'emprunt exorbitants dans un contexte de craintes d'une faillite au sein du bloc monétaire paralysent l'activité alors que les individus et les entreprises trouvent qu'il est plus cher de dépenser et d'investir.

Ainsi, une croissance plus lente réduit les rentrées d'impôts des gouvernements de la région, rendant plus difficile la réduction des déficits, attisant les peurs déjà considérables sur la capacité à rembourser la dette souveraine et produisant irrémédiablement un cercle vicieux. Les prévisions consensuelles des économistes suggèrent que la croissance de la zone euro va stagner en 2012 et ne reprendra que lentement l'année prochaine.

Cela obligera la BCE à prendre des mesures de relance monétaire agressives, ce qui suppose que les différentiels de taux d'intérêt vont s’amenuiser en faveur du Dollar US, même si la Réserve Fédérale tient sa promesse de laisser les coûts d'emprunt de référence inchangés jusqu'à mi-2013.

 

D'un autre coté, ceci risque de déclencher à nouveau une vente massive sur l'ensemble du marché et une crise mondiale du crédit, plongeant la finance du monde entier dans une nouvelle crise existentielle seulement trois ans après la débâcle de 2008. Si un grand pays comme l'Italie ou l'Espagne faisait faillite, de nombreuses banques, fonds et d'autres institutions seraient obligés d'enregistrer de lourdes pertes.

Certains ne pourraient pas supporter de telles pertes et seraient obligés de fermer, ce qui aurait des répercussions sur les marchés du fait que leurs créditeurs auraient à faire face à des pertes considérables, et ainsi de suite.

Ceux qui tiendront le choc se presseront alors de rechercher de nouveaux capitaux, avec les banques et les fonds qui essayeront de vendre des actifs à des prix de liquidation pour satisfaire les exigences de réserves et de marges.

Ceci aura pour conséquence une nouvelle débâcle généralisée sur toutes les classes d'actifs, ce qui appauvrirait de nombreuses entreprises et particuliers.

Il va sans dire qu'une telle situation détruirait l'activité économique du secteur privé à l'échelle mondiale. Et il est inutile de préciser que cette situation aurait un effet positif sur les devises refuges et en particulier le Dollar US, pour lequel les interventions officielles ne mettent en aucun cas en cause ses qualités de valeur refuge (comme c'est le cas pour le Yen japonais et le Franc suisse, qui sont d'habitude les autres valeurs refuge dans l'espace FX).

 

eur/usd

 

 


Michael Boutros, Analyste Devises
Vente d'AUDUSD : Risque pour la croissance mondiale, Chine

Nous avons tous assisté à l’extrême volatilité des marchés et aux chocs consécutifs que la crise européenne a provoqués l'année dernière. Cela s'explique surtout par les craintes de contagion de la dette qui se sont rapidement propagées, non seulement à l'Europe, mais aussi aux économies les plus développées du monde.

Vu l'ampleur de la crise de l'UE, ce n'est pas étonnant qu'un nuage menaçant soit passé relativement inaperçu au radar : la Chine. Alors que le gouvernement chinois connaît des difficultés à opérer un « atterrissage en douceur » après les mesures extraordinaires prises durant le pic de la crise financière, l'économie de l’Empire du Milieu continue de montrer des signes de stress tandis que la croissance des économies les plus performantes du monde commence à ralentir.

L’excédent commercial chinois se réduit tandis qu'une bulle immobilière semble être prête à exploser, au moment où les craintes actuelles de resserrement du crédit alimentent les inquiétudes concernant un fort ralentissement de la croissance

. En tant que partenaire principal de l'Australie, un ralentissement en Chine est susceptible de mettre l'aussie-dollar sous pression car la baisse des exportations australiennes pèse sur l'économie locale.

Outre l’épisode chinois, la Banque Centrale australienne est également susceptible de réduire brutalement les taux en 2012 avec des swaps de Crédit Suisse, affichant maintenant plus de 116 points de base de réductions de taux d'intérêt pour les douze prochains mois, la plus forte prévision de baisse de taux des économies développées.

En dépit de deux réductions des taux vers la fin 2011, les inquiétudes croissantes concernant la crise de la dette en Europe et les prévisions d’affaiblissement du commerce mondial continueront à mettre le Gouverneur de la RBA, Glenn Stevens sous pression concernant l’assouplissement de la politique monétaire et le maintien d’un environnement propice aux entreprises.