(DailyFX.fr) – Chute du pétrole : Comment en sommes-nous arrivés là ?
Le cours du pétrole ne parvient pas à enrayer une chute entamée depuis l’été 2014. De nombreux facteurs macro-économiques et géopolitiques expliquent cet effondrement qui fait frémir les marchés actions.
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Exportation du pétrole américain
Au mois de décembre 2015, le marché du pétrole a connu un chamboulement majeur. Le Congrès américain a voté la suppression de l’interdiction pour les Etats-Unis d’exporter son pétrole. Cette loi, dontle but était de protéger les Etats-Unis d’un éventuel arrêt des approvisionnements, remontait au choc pétrolier de 1973, afin de maintenir une indépendance pétrolière. Ce vote intervient dans un contexte de surproduction aux Etats-Unis, et surenchérit une offre déjà bien garnie notamment grâce à ses découvertes d’hydrocarbures de schiste.
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Levée des sanctions iraniennes
Le 14 juillet dernier, les pays membres du G5 + 1 - composé des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la France, de la Russie, de l’Allemagne et de l’Iran – ont trouvé un accord sur le programme nucléaire iranien et acté la suspension des sanctions contre Téhéran qui est, depuis lundi dernier, autorisée à faire son retour sur la scène internationale. Le retour des exportations iraniennes met un peu plus de pression sur ce marché déjà saturé, et dont le cours du WTI américain est à présent inférieur à celui du Brent de la Mer du Nord. Le ministre iranien du pétrole a récemment annoncé que l’objectif de production s’élevait, dans un premier temps, à 500 000 barils par jour.
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Tensions géopolitiques au Moyen-Orient
Les tensions entre l’Arabie Saoudite et l’Iran ont conduit les deux pays à rompre toute relation diplomatique. Alors que par la passé ce genre de tensions pouvait profiter au cours du brut – comme cela a pu être le cas lors du conflit en Crimée – le contexte est à présent différent. Ces tensions géopolitiques poussent le marché à soupçonner qu’un éventuel accord sur un seuil limite de production entre pays exportateurs de pétrole n’est pas d’actualité.
De plus, la crise syrienne, qui a contribué à l’essor d’un marché officieux, renforce l’offre de pétrole dans la région. « Un point bas à 20$ est ainsi envisageable en 2016, au regard du déséquilibre croissant entre offre et demande sur ce marché. Toutefois, un conflit généralisé au Moyen-Orient pourrait tout de même profiter au cours » affirme Alexandre Imbert de la société Forgues Gestion.
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Parts de marché
Les pays membres de l’OPEP ne sont visiblement pas prêts à lâcher des parts de marché, et maintiennent un rythme de production soutenu. Dans le même temps, l’Arabie Saoudite souhaite affaiblir les ressources financières de son rival, aussi bien politique que religieux, iranien, dont le budget du pays repose sur un baril entre 35$ et 40$. Selon la Banque mondiale, le cours de l’or noir pourrait atteindre 10$ en 2016.
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Stocks de brut aux Etats-Unis
Malgré un récent déstockage de pétrole brut aux Etats-Unis, le cours a poursuivi son mouvement baissier. Les prix ont en effet été mis sous pression par la forte hausse des stocks d’essence qui, selon le Département de l’Energie américain, ressortent, lors des deux premières semaines de l’année 2016, à leurs plus hauts niveaux depuis plus de douze ans.
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Une demande qui s’essouffle
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Ralentissement de l’économie chinoise
La Chine, deuxième consommatrice d’or noir au monde derrière les Etats-Unis, voit son économie ralentir et son taux de croissance passer sous le seuil des 7%. Le PIB progresse de 6,8% au quatrième trimestre 2015, alors quesur l’ensemble de l’année ilcroît de 6,9%, son plus faible niveau depuis l’année 1990. Ce ralentissement se fait également ressentir par la contraction de l’activité manufacturière ainsi que par la baisse des importations. Par ailleurs, la dévaluation du yuan renminbi affaibli le pouvoir d’achat chinois et rend ainsi les importations plus coûteuses.
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Hausse du dollar américain
Le 16 décembre dernier, la Réserve Fédérale des Etats-Unis a mis fin à sa politique dites de « taux zéro » en relevant pour la première fois depuis près de dix ans le niveau de ses directeurs de 25 points de base, dans le sillage de son tapering – diminution de son programme de rachats d’actifs (Quantitative Easing) - entamé sous l’ère Bernanke fin 2013. Ce resserrement monétaire, sur fond d’amélioration du marché de l’emploi aux Etats-Unis, entretient la hausse du dollar et affaiblit les cours du WTI et du Brent qui cotent en devise américaine.
Analyse technique du WTI représenté en bougies japonaises en données mensuelles
Le cours du WTI se maintient sous une ligne de tendance baissière formée depuis l’été 2014 et casse un support dynamique ainsi que le seuil majeur à 30$. La poursuite de ce mouvement baissier permettrait de cibler les supports à 25$ et 20$, alors qu’en cas de rebond, un retour sur les niveaux à 37,50$ puis 45$ serait envisageable.

Graphique préparé par Yoav Nizard via Marketscope 2.0
Yoav Nizard, Analyste Junior pour DailyFX.fr
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